« Voit-on maintenant à quoi nous voulons en venir ? Nous voulons en venir à ceci : qu’à chaque spectacle monté nous jouons une partie grave, que tout l’intérêt de notre effort réside dans ce caractère de gravité. Ce n’est pas à l’esprit ou aux sens des spectateurs que nous nous adressons, mais à toute leur existence. Le spectateur qui vient chez nous sait qu’il vient s’offrir à une opération véritable, où non seulement son esprit mais ses sens et sa chair sont en jeu. Il ira désormais au théâtre comme il va chez le chirurgien ou chez le dentiste. Dans le même état d’esprit, avec la pensée évidemment qu’il n’en mourra pas, mais que c’est grave, et qu’il ne sortira pas de là intact. »
Antonin Artaud
Victor, d'après Roger Vitrac, suite d'Yvonne, est le prolongement du geste entamé par le Théâtre Brûler Détruire. Conçues comme les deux faces d'une même pièce, les deux œuvres Yvonne/Victor sont vouées à être jouées ensemble, l'une à la suite de l'autre. Comme une plongée en eaux profondes, une exploration grave et joyeuse de la condition de l'Autre. Ce sont les échos d'un même cri silencieux qui, dépouillé de toutes les fioritures de son époque, vise à transpercer les chairs et atteindre l'os.